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Ils en parlent...  

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Vinc, interview croisé au Polo Club de Paris

François Alquier, février 2012

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​Ainsi le 4 octobre dernier, je me retrouve au Polo de Paris. En compagnie d’une compagnie qui n’est pas mon monde et parmi laquelle je ne me sens pas particulièrement à l’aise. Ce que je peux dire, c’est que toutes les personnes que nous a présentées Vinc pendant le déjeuner ont été tout à fait charmantes. Un bel accueil, du bon vin, de jolies femmes, j’ai connu de pires moments dans ma vie professionnelle. Ici, nous voyons Stéphane Nolhart en pleine discussion avec le peintre Vinc, à notre arrivée sur place.

 

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Après les agapes, nous nous sommes installés, Vinc, Stéphane Nolhart et moi, à l’intérieur du club pour une petite causerie autour de ce livre Vinc, Peintures 1989/2011.

Avant l’interview, voici la présentation du livre par Koryfée :

Rencontre entre Nolhart, l'écrivain parisien, et Vinc, l'artiste cosmopolite, deux acteurs de la création contemporaine: littérature française et peinture «Post-Pop Art» réunies...

A travers six cents illustrations en couleurs et une biographie du peintre, Stéphane Nolhart nous peint un tableau chatoyant de celui surnommé «  le fils de Wahrol Â». Touche par touche, telle une toile de Seurat, le biographe nous dessine le parcours incroyable, les influences multiples et les Å“uvres fascinantes du petit genevois qui rêvait des Etats-Unis.

Un univers riche, surprenant, vivant, à l'image de l'artiste cosmopolite.

« Les toiles de Vinc font l'effet d'une boisson énergisante qui pousserait un paraplégique à se lever de son fauteuil et à danser le Rock'n roll. Â»

 

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INTERVIEW:

Qui est derrière la rencontre Vinc-Stéphane Nolhart ?

Vinc : C’est l‘éditeur Gilles Cohen Solal qui nous a mis en relation. A la base, ce livre ne devait être qu’un flyer expliquant et montrant quelques-unes de mes toiles. Un outil qui est une bonne amorce de conversation pour expliquer mon Å“uvre.

L’histoire de Vinc, Peintures : 1989-2011, mérite d’être racontée…

Vinc : L’été dernier, quand j’ai vu Luca Notari, éditeur qui tient une librairie au musée d’art et d’histoire de Genève, je lui ai dit que je voulais refaire quelque chose de nouveau qui ressemble à mon flyer, mais avec un volet supplémentaire. Il m’a proposé d’éditer un petit catalogue d’une quinzaine de pages et soudain, il est passé à 120 pages. Là, ça devenait autre chose, avec une notion monétaire conséquente. Du coup, ce livre a été étudié de manière à faire partie de la collection CuriosArt. Le concept est de réunir dans le même livre un artiste et un écrivain. Il a fallu trouver une charpente, une structure, c'est-à-dire un texte d’introduction.

Il me semble que le texte est primordial dans la structure de ce livre.

Vinc : Oui, il relate l’histoire de Vinc avant qu’il ne s’appelle Vinc. Ensuite on a les différentes périodes de mes tableaux. J’ai cherché quelqu’un pour écrire ce texte. Au départ, j’ai proposé à mon éditeur le nom d’un garçon que je connais depuis 30 ans qui est maître de cours à l’université de Genève en géographie politique… et ça n’a pas fonctionné. Je venais de lire un livre sur Richard Avedon dans lequel il y a avait une intro d’une trentaine de pages en deux langues, puis, les images.  J’ai suggéré à l’éditeur de faire exactement la même chose. Je voulais un texte sous forme d’interview.

Et quand tu as lu le résultat ?

Vinc : Dès que j’ai lu le contenu total de l’interview, j’étais désespéré de voir  que c’était une catastrophe et que rien ne correspondait à ce que je  désirais. Ca n’allait pas du tout pour ce travail là et j’ai pris peur. J’ai expliqué à Luca Notari que si on ne trouvait pas une solution, on ne ferait pas le livre et on rembourserait notre bien heureux donateur, une personne qui a l’habitude d’acquérir mes Å“uvres, soit dit en passant. Au passage, j’ai appris qu’il ne faut jamais faire travailler un ami. Tu perds un ami.

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Qu’as-tu fait ensuite ?

Vinc : J’ai rencontré Gilles Cohen-Solal à un salon du livre l’année précédente et nous avons eu un très bon rapport immédiat. Il est devenu mon seul espoir. J’avais besoin d’une belle plume, alerte, qui puisse écrire un texte en ne me connaissant pas. Gilles me demande 48h de réflexion et finit par me donner un numéro de quelqu’un. C’était Stéphane. On s’est ensuite skypé pendant des heures. Quand je l’ai vu, avec ses petites lunettes rouges, ce sourire et cette générosité, je me suis immédiatement dit : « j’aime bien ce gars Â». Je savais que ça allait marcher. Il avait une forte personnalité, mais il était malléable et on pouvait discuter.

Stéphane : Et de mon côté, il n’y avait aucun a priori, je n’avais pas entendu parler de toi et je te découvrais. Moi qui adore faire des biographies, je découvrais aussi ta peinture qui m’a intéressé, du coup j’ai accepté sans hésiter.

 Ce n’est pas une biographie traditionnelle. Je n’ai jamais vu un tel texte dans un catalogue ou même une biographie officielle de quelqu’un.

Stéphane : C’est aussi très technique cette affaire. Un texte comme ceux de Proust, tu prends ton temps pour le lire. Le style d’un texte doit correspondre au sujet. Mon écriture survole comme Vinc survole l’Amérique. En terme de style, je trouve que ça lui correspondait bien. J’y suis allé en profondeur, sans que cela se voie… avec ce dosage, ce texte permet d’aller dans ce qu’il fait lui.

Vinc : Comme je suis un artiste un peu atypique dans le milieu, qui fait ses propres lois pour son travail, ce texte m’a immédiatement plu. Cette espèce d’authenticité que j’ai, tu as très bien su le mettre en page. Ton état d’écriture peut s’intégrer parfaitement dans ma manière de vivre. Ce texte que tu as écrit en trois semaines, il y a eu une heure et demie de relecture ensemble et 3 virgules à changer. Comment ne pas être joyeux d’avoir réussi à mettre ensemble ces deux forces ? Un texte qui se confond avec les images, je n’ai jamais vu ça ! Je ne pense pas que l’on trouve deux livres d’art comme ça dans le monde, ni au point de vue du texte, ni dans la conception. Je vais être tout à fait franc, ce livre est aussi un instrument de travail et de propagande.

Vinc, ce que tu es n’est pas l’image que j’ai des artistes peintres. Tu n’énerves pas les gens de ton milieu ?

Vinc : Nous sommes trois à être dans ce milieu, commercial, un peu glamour. Un peintre allemand et un peintre brésilien qui habite à Miami. On a chacun notre chemin et personne n’empiète sur le territoire des autres. On est dans ce segment pop art, after pop si tu préfères, avec un immense réseau mondial. Tu as vu aujourd’hui comment ça s’est passé au Polo Club... Les mondanités vont très bien avec mon genre de peinture. Une peinture qui est  contemporaine, mais que j’ai voulu compréhensible par tout le monde. Elle est un peu plus commerciale et ne correspond pas à une élite de ce segment d’art contemporain.

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Revenons au livre en lui-même, Stéphane, toi tu n’as pas eu de pression quand on t’a proposé le projet d’écrire sur Vinc ?

Stéphane : Je me suis demandé si j’allais être à la hauteur du challenge et surtout du livre. Après, il y a eu une histoire de rapport humain. Vinc me plaisait, donc c’était très motivant. Avant toute chose, c’est une histoire d’amusement et de plaisir.

Vinc : Maintenant que je connais mieux Stéphane, quand il m’a raconté l’histoire de son fils de 22 ans, je me suis demandé s’il n’avait pas fait d’amalgame entre son fils et Vinc. Quelque chose comme ça.

Stéphane : C’est à dire ?

Vinc : Tu m’as parlé de ton fils en disant que c’était quelqu’un qui avait quand même une vie littéraire étonnante. Je me suis demandé s’il n’y avait pas un lien quelque part. Notamment sur ma jeunesse qui aurait pu te rappeler celle de ton fils aujourd’hui. Je ne sais pas.

Stéphane : Oui, il y a sûrement une ligne directrice. Mais tu sais, j’en reviens toujours à l’humain. Ce qu’il se passe autour de l’humain, quelque soit sa position sociale, je m’en moque. C’est son cÅ“ur, c’est sa tête, c’est sa logique, c’est son parcours qui m’intéressent.

 

​Ce qui m’a amusé en vous regardant tout à l’heure, quand nous étions à table, c’est que vous aviez la même attitude. Un peu en représentation, mais parfaitement à l’aise. Vous vous ressemblez sur bien des points…

Stéphane : On a quelque chose de commun dans l’approche humaine de la vie.

Vinc : On n’a pas peur de l’autre. En règle générale, autour de moi, je trouve qu’il y a beaucoup de gens introvertis, qui ne savent pas communiquer.

Le fait d’avoir beaucoup voyagé, ça aide à l’ouverture vers les autres. Vinc, toi, tu es parti à l’âge de 21 ans à Los Angeles.

Vinc : C’est exact. Mes parents ont fait un effort, ils m’ont dit que je partais 3 mois, je suis resté 10 ans. Dans mon livre, tout mon abécédaire photographique de cette période est présent. Quand, je suis rentré, je m’ennuyais à mourir de cette ville, je suis donc devenu peintre par nostalgie de l’Amérique.

Vinc, quand tu as ce livre dans les mains, tu te dis : « j’ai une Å“uvre quand même ! Â» ?

Je peux te dire que je n’ai aucun ego. Ma devise c’est « je m’en fous de tout Â». Ce livre ne m’impressionne pas. C’est un beau catalogue avec, c’est vrai, des photos de moi avec de nombreuses personnalités planétaires, mais c’est pour impressionner les autres. Moi, ça ne me fait rien. Je connais beaucoup de monde, autant le montrer. Moi, ça ne me fait ni chaud, ni froid. Ce qui m’intéresse, c’est quand je finis un tableau. Le dernier s’appelle Far West, c’est mon bébé, c’est le plus beau. Ça fait un moment que je n’ai pas eu la satisfaction d’avoir peint un beau tableau comme ça.

 

Stéphane : Moi, par rapport à notre livre, je ne ressens pas les choses comme ça. Il est très important, car c’est mon dernier bouquin.

Selon vous deux, qui peut-être intéressé par cet ouvrage ?

Vinc : Il y a deux cas de figure. Celui qui a un tableau de moi et qui veut le retrouver dans le livre et celui qui souhaite découvrir l’œuvre d’un artiste qu’il ne connait pas.

Stéphane : Tu n’es pas très objectif. C’est aussi un livre à offrir aux amateurs d’art. Ceux qui aiment l’Amérique et les jolies toiles…

Vinc : As-tu en projet un autre livre ?

Vinc : J’ai dit à mon éditeur que j’aimerais faire un road movie en images. Je vais à Los Angeles au mois de décembre. De la sortie de l’avion à l’arrivée au retour dans l’avion, je veux faire des clichés, du motel en passant par les soirées un peu folles, aux bas fonds de Los Angeles et aux belles maisons d’Hollywood. D’ailleurs Stéphane, tu serais prêt à écrire pour ce livre ?

(Éclat de rire général et fin de l’interview).

Ensuite, Vinc, Stéphane et moi, on est rentré en taxi jusqu'à Los Angeles, comme ça, pour voir... et parce qu'on est des fous (et moi, un peu mytho)! Ce fut un beau voyage.

J'aime ces deux-là!

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