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Ils en parlent...

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TOUTE LA CULTURE.COM

Pascal Szulc - Salon de Paris 2011​,

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​Le printemps arrive avec les écrivains, leurs feuilles, les éditeurs, les diffuseurs papier ou numériques. Comme des araignées, les éditeurs notoires ont tissé des étagères dans des aires aménagées en supermarchés des librairies où les « têtes de gondole » viennent dédicacer, alignées et obéissantes, derrière des tables d'écolier, leurs ouvrages. Heureux les simples lecteurs qui réussissent à atteindre, livre collé au cœur, leur idole pour avoir leur nom manuscrit sur la deuxième de couv ou la page de garde. Entre les huit pattes de l'araignée, les petites abeilles et leurs ruches. Une Héloïse d'Ormesson qui ne cesse de grandir, un secteur bande dessinée en première place, un espace logiciel et ebooks sur une rampe de lancement mais mis à l'ouest du salon, en quarantaine ? Salon plein.

Le livre se porte bien, à en croire ce week-end de salon, les boulevards embouteillés et les files d'attente. De prime abord, la vente semble être l'objectif numéro un. Les libraires, peu présents, ne doivent pas les voir d'un bon œil. Mais, gros ou petit, éviter quarante pour cents de remise aux diffuseurs et libraires, ça ne se refuse pas. Oui, le salon donne bien le sentiment d'une libraire géante et de plus en plus mutimédia (un tiers des espaces).

 

Parmi les auteurs, il y a cet homme, blond, costume noir, élégant, parisien, écrivain et digne de l'être. Ecrivain, avec tout ce que cela induit : la lisibilité, le respect du lecteur, des sujets qui laissent prédisposer des qualités de grands biographes, et cette volonté touchante car mêlée de doutes. Et pourtant ! Et pourtant Stéphane Nolhart est un noble, un spécialiste des magazines littéraires, un rigoureux de l'écriture avec ses dictionnaires des synonymes, une syntaxe limpide et irréprochable, et ce goût, ce goût de la comédie d'une trop grande rareté. Il est vraisemblablement plus efficient d'écrire des pseudo poèmes kafakaïens que des farces, non vulgaires où les personnages sont bien sentis. Si Louis de Funès était encore de ce monde, il y a fort à parier que Nolhart serait son scénariste. Si Offenbach l'était également, Halévy aurait du souci à se faire car Stéphane Nolhart écrit de purs opéras bouffes, populaires et musicaux.

Un soir qui sentait l'ennui et le besoin de se parler entre « potes », notre écrivain et son frère d'armes, Harold C., font des tours de périphériques se plaignant du travail de « nègre d'écriture ». Après une dizaine de passages devant la porte de la Chapelle, Etienne Darc, était vivant, chaussures de ski aux pieds, perdu en pleine montagne sous la main de fer d'une ex star de la chanson, matrone de restaurants d'altitude voulant avoir son nom sur une couverture de livre en grosses lettres. Ainsi, naquit Blackbook.

Le biographe de talent écrit-il une autobiographie ? Il vous répondra que « non ». Etienne Darc a un corps, une pensée, des doutes, des envies de chair, une plume bien trempée et des besoins de gagner sa vie. Oui, mais jusqu'où ? Stéphane effleure le sujet car ce n'est ni un essai, ni un pamphlet. Il s'agit d'un roman dont l'humeur est toujours au sourire et le rythme admirablement bien tenu. Un roman de gare ? Pourquoi pas, notre écrivain est doué mais pas bégueule. Il en serait même plutôt fier, de voir, gare de Lyon, les voyageurs, chaussures de ski dans une main, sac sur le dos, son bouquin dans l'autre.

Nolhart met son réveil le plus souvent à trois heures du matin, écrit tôt et lentement. Un chapître, dans la plus pure tradition classique voit naître les quatre personnages essentiels, les lieux, les caractères, la situation. Une leçon littéraire vous dis-je et surtout pas un travail de nègre. Etienne Darc son héros en proie avec son ambition personnelle ne rêverait-il pas d'être « négrissime » pour enfin accepter sa situation, de la même façon qu'il aurait pu être « cascadeur pour Georges Clooney », ou gâte-sauce pour un grand chef français ? Certes, notre grand blond avec une chaussure de ski a de la bonne humeur à revendre et ce talent d'écrivain rare qui sait parler de situations souvent délicates, voire d'états d'âme avec une légèreté, celle de la comédie. Certes, un intellectuel un peu looser en pays savoyard, ambiance bronzé à la recherche d'un vrai et bon moreau de viande rouge dans le pays du reblochon permet toutes les facéties, mais comment ne pas être touché par ce Marius, mari d'une mégère digne de Shakespeare, possessive à l'ego démesuré qui quête, philosophe, la liberté de la route au volant d'un quinze tonnes ?

Blackbook, un épiphénomène, hilarant, Nolhartant, Nolhartisime dans le monde de l'édition tentaculaire des essais et des romans parisiens. Son éditrice, corse d'origine et stéphanoise d'adoption en a pris la démesure. Grand bien nous fasse e décalage du grand blond avec une chaussure de ski.

« Blackbook » de Stéphane Nolhart, Laura Mare éditions, 14 euros.

http://toutelaculture.com/2011/03/salon-du-livre-2011-le-grand-blond-avec-une-chaussure-de-ski/

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